Sélection sexuelle : processus d’emballement et principe du handicap

handicapChez la plupart des animaux, c’est la femelle qui choisit son partenaire car c’est elle qui investit le plus dans chaque descendant. La formation des couples est guidée par toute une série de processus. Il en résulte des bénéfices directs (comme la protection de la descendance ou l’accès aux ressources) et indirects, via la transmission des gènes. Regardons d’un peu plus près ces bénéfices indirects.

Processus d’emballement

Prenons un exemple : chez les oiseaux, si les mâles aux plumes les plus jaunes s’avèrent être les plus enclins à aller faire les courses et passer l’aspirateur, les femelles vont les préférer à ceux qui se contentent de commander des pizzas et de boire toutes les bières du frigo sans aller en racheter. Ainsi, quand ils iront à l’école, les enfants de l’oiseau jaune seront facilement reconnaissables car blonds eux aussi. Et au moment de quitter le nid et de fonder leur propre famille, ils seront davantage convoités que les enfants de Monsieur Pizza-bière, aux plumes d’un vulgaire châtain foncé. On appelle ces enfants blonds bourreaux des cœurs des sexy sons. A chaque génération, il y aura davantage de blonds dans la population d’oiseaux. C’est cette amplification du caractère « blond » associé à l’aptitude « mari parfait » dans une population qui est appelée processus d’emballement.

Ci-dessous, la veuve noire (Euplectes progne). Sa queue est loin d’être la forme la plus aérodynamique ; c’est la sélection sexuelle qui lui a donné cette longueur disproportionnée.

veuvenoire

Principe du handicap

Autre phénomène cocasse : le principe du handicap. D’après lui, les femelles préfèrent les mâles aux traits extravagants. Paradoxalement, ces traits demandent pas mal d’énergie pour être produits et entretenus, et diminuent la survie : une souris avec un déguisement pailleté d’Elvis aurait plus de mal à ne pas se faire voir par un chat et à lui échapper (ce n’est pas si évident de courir en pattes d’eph). Mais si malgré tout Elvis parvient à survivre aussi bien que ses petits copains dans ce monde hostile, alors sans hésiter les femelles le préfèreront (et pas uniquement les groupies du King), car survivre avec un tel « handicap » sera la preuve de sa vigueur. Et les femelles veulent des mâles vigoureux, pour que leurs enfants le soient aussi et aient plus de chances de survivre. C’est ainsi que toutes les souris des 50 dernières générations ont été conçues sur Love Me Tender.PaonUn exemple plus conventionnel du principe du handicap est celui des paons, qui consomment énormément d’énergie à maintenir une queue qui ne sert qu’à la parade nuptiale.

Sources

A. Grégoire, maître de conférences

Processus d’emballement : Fisher 1930, Lande 1981, Kirkpatrick 1982, Rowe et al, 2001

Principe du handicap : Zahavi, 1875, 1977

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