Des éléphants de mer aident les scientifiques à résoudre une énigme du climat
basé sur The Guardian, 26-02-2013
photo : Iain Field/Antarctic Climate and Ecosystems CRC/Reuters
Grâce à des sondes fixées sur leur tête, ces mammifères ont permis aux scientifiques de collecter des données sur l’Antarctique à des profondeurs inédites.
L’océan circumpolaire est une région clé dans la circulation océanique mondiale. C’est en effet à cet endroit que les courants de surface plongent pour regagner des profondeurs extrêmes. Ce phénomène physique (appelé formation d’eau profonde) est lié à une augmentation de la densité de l’eau, elle-même due à deux facteurs : une température basse, et une salinité élevée. En effet, quand l’eau prend en glace, elle se débarrasse de son sel ; en contrepartie, l’eau qui reste à l’état liquide devient plus salée, ce qui la rend plus dense.
La circulation océanique, aussi appelée « tapis roulant ».
En Antarctique, on savait que cette eau profonde se formait au moins dans 3 régions. Depuis des dizaines d’années, une quatrième région était suspectée d’être aussi sur la liste ; mais pour en avoir le cœur net, il était difficile de faire des mesures dans un milieu aussi extrême et aussi peu accessible que l’océan Antarctique. C’est là qu’intervient l’idée des chercheurs tasmaniens au Centre de Recherche Coopératif sur le Climat et l’Ecosystème Antarctiques : déléguer le travail de terrain aux éléphants de mer.
C’est ainsi qu’en 2011, 20 éléphants de mer ont été équipés avec des sondes et déployés en Antarctique de l’est, depuis la station Davis. Grâce à un émetteur satellitaire, les données récoltées quotidiennement étaient transmises pendant les quelques minutes durant lesquelles les mammifères étaient en surface. Avec entre 4 et 60 plongeons par jour jusqu’à 1 800 mètres de profondeur, les chercheurs ont pu récupérer une série de données très rares. Mieux encore : les éléphants de mer sont allés à l’endroit même où plonge cette eau très froide et très salée, juste en-dessous d’une polynie (une zone qui reste libre de glace ou couverte d’une couche de glace très mince au milieu de la banquise).
Les scientifiques vont maintenant pouvoir traiter ces données pour essayer d’approfondir les connaissances sur les courants marins, et peut-être même trouver des pistes pour la modélisation du changement climatique.
Sources
crédit photo : Iain Field/Antarctic Climate and Ecosystems CRC/Reuters